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Désert Blanc

Désert Blanc

Nous sommes à cheval. A cheval entre octobre et novembre, entre pluie et neige, entre un jour et un nouveau jour. Il est tard, le changement d’heure vient de passer.

Cela fait 3 jours que la lumière est éteinte, malgré quelques brèves percées majestueuses. Le jour est de nouveau matinal, mais pas vaillant. Lève tôt, il a tendance à vite sombrer, dans des lueurs noires.

Il est tôt pour certains, tard pour d’autres. Le plafond gris est devenu blanc, la pluie a laissé place à la neige. Les battements du cœur s’accélèrent, les mains deviennent moites, une petite boule au ventre se fait sentir. Comme une sensation de ne plus rien contrôler, ne plus être soi-même. En plein cœur, d’un gros bordel émotionnel, le corps et l’esprit se divisent. C’est le désordre, rien n’est maîtrisé. Je perds pied !  Cette fois ce n’est pas l’amour, mais plutôt l’excitation de remonter en selle et de retrouver nos chers, bons et vieux démons. Il est temps de préparer les affaires !

Il est tôt, il faut encore prendre son mal en patience. Trop tôt pour skier et glisser. Mais pas trop tard pour encore marcher, se balader et profiter de la montagne, d’une autre et belle manière. Avoir les pieds dans la neige, sentir le froid, être dans la tempête et voir tous ces paysages blancs. Un très beau lot de consolation, en attendant le bon timing. Reprendre doucement ses repères, essayer de comprendre la bête, s’en approcher, l’apprivoiser dans le but d’être prêt le jour J !

Il est tôt, Méribel est plongée dans l’obscurité et un sommeil profond. Seuls les lampadaires illuminent la vallée. Il est possible d’apercevoir quelques phares de voiture sur la route sinueuse. Elles serpentent dans la pénombre… Ils rentrent ou partent selon leur destin. Un avion clignote au dessus de nos esprits, tout en se faufilant entre les étoiles.

A la fenêtre, les yeux collés, le rideau entre-ouvert, la nature m’offre une magnifique représentation de ce qu’elle sait faire. Quel délice ! Les flocons tombent lentement avec légèreté. Par moment ils sont plus gros, plus fins toutefois ils virevoltent au grès des vents.  Par amusement et par petit plaisir, un repère en tête. Je guette au coucher et au lever du jour, les quantités de neige tombées.

A la radio, un interlude musical. C’est « Norma Tanega », la chanson « Walkin’ my cat named dog ». Le rythme monte crescendo. Mon corps s’étire et se déhanche doucement. L’impatience de sortir se fait sentir. La « Elvis Leg » parle pour moi, ça swing ! Il est l’heure de participer au spectacle et non de le regarder de loin.

Du caleçon au bonnet en un instant !  Dans un sac à dos : Un thé chaud, l’appareil photo et une mini doudoune. L’aventure peut enfin commencer. Pas d’itinéraires, ni d’idées précisent de ce qui va se dérouler .Une chose : Se laisser porter, musique en tête !  Il n’y aura rien d’extrême en cette journée. Seulement le plaisir de respirer ce bon air frais et de se plonger dans cette nouvelle saison. Monter, descendre, s’arrêter et courir, prendre des photos en mode hipster ou tout simplement penser et réfléchir.  Le corps, l’esprit et le cœur se relâchent et s’éveillent, naturellement au fil des pas et à chaque instant. C’est tellement beau cette période à cheval sur deux saisons. Seul, j’avance dans ce désert blanc. Seul comme privilégié, les protagonistes jouent sans relâchent et avec ferveur. Je suis au cœur de la scène. Le décor est posé, les éléments naturels maîtrisent parfaitement leurs répliques et leur gestuelle. Sans voix, les actes défilent. Applaudissements !

Rattrapé par le temps… Sourire aux lèvres, bien dans mes baskets, il est l’heure de rentrer ! De l’aurore à l’aube, tout s’est dessiné et enchaîné avec délicatesse. Les jambes et la nature auront dictées le programme.  Une douche brûlante, bière fraîche en main. Il ne me reste plus qu’à  refermer les rideaux et éteindre la lumière. Demain est un autre jour et surtout une nouvelle évasion.

Bonne nuit

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